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Les banlieues historiques

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Le château de la Gentille

Le château de la Gentille

Le château de la Gentille se trouve sur la route qui relie Montluel aux Denières par le plateau. C’est pour le cycliste amateur une courte mais rude épreuve que de monter jusqu’à lui ... Cet élégant édifice est le plus récent de ceux que nous évoquerons ici. En 1878, un négociant en soie lyonnais, Philippe Perriollat, avait acquis un ensemble de terrains et de bâtiments situés sur les communes de Montluel, Sainte-Croix et Pizay et appartenant au Vicomte de Ruoltz, héritier par mariage des seigneurs de Crues de Sainte-Croix. Il entreprit la construction d’une grande maison qui fut terminée en 1884. Vingt ans plus tard, un petit pavillon et une jolie tour furent accolés à l’édifice initial, ce qui donna à l’ensemble l’aspect du château que l’on connaît aujourd’hui. Curieusement, la tour servait de réservoir d’eau ; sa technique de remplissage mérite d’être contée. Un petit barrage, assorti d’un système hydraulique appelé « bélier », avait été aménagé dans le vallon de la Sereine, au bas du château. Fonctionnant par la seule pression de l’eau de la rivière, ce bélier permettait de faire remonter le précieux liquide par des canalisations. La construction de cet ingénieux système (inventé par l’un des frères Montgolfier) avait nécessité le travail d’une dizaine d’ouvriers pendant plusieurs mois. Parvenus à la famille Cotte par le mariage de Louise Perriollat (née à Montluel en 1884) avec le chirurgien lyonnais Gaston Cotte, le château et les propriétés s’étendaient sur environ 320 hectares dont une bonne partie se trouvaient sur le territoire de Sainte-Croix. Le château abritera prochainement une écurie de poneys et organisera des activités découverte, baptêmes, goûters autour du poney.

Le château du Montellier

le château du Montellier

En remontant dans le temps et … un peu au nord, faisons un détour par le château du Montellier. Sa silhouette massive se découvre peu à peu, en retrait de la route qui relie cette commune à Joyeux. Par-dessus les arbres, on aperçoit tout d’abord son fier donjon qui domine tellement les alentours qu’on y avait placé un point géodésique pour les relevés topographiques lors du Premier Empire. Puis en s’approchant, on embrasse cet émouvant édifice de carrons (briques) rouges, très représentatif des châteaux dombistes du Moyen-Age. Initialement, une motte féodale (ou poype) avait été édifiée au 12e siècle par le chevalier Bermond du Montellier. Un donjon de pierre fut bâti au sommet de cette butte artificielle. L’aspect actuel de « forteresse imprenable » a pris forme au 14e siècle grâce au seigneur Humbert de Thoire-et-Villars qui fit construire neuf tours carrées, reliées par de robustes murailles de briques avec leurs courtines. Durant la Renaissance, de nombreux aménagements « à l’italienne » donnèrent à ce lieu un rôle plus résidentiel. L’épouse de l’amiral de Coligny, Jacqueline de Montbel, y résidait parfois, avant son mariage et aussi après l’assassinat de son mari lors du massacre de la Saint-Barthélémy. Lors des journées du Patrimoine, l’actuel propriétaire, M. Richard, vous guidera avec enthousiasme dans la découverte des parties historiques de son château. A cette occasion, vous pourrez monter dans le donjon par un bel escalier à vis, creusé dans le mur extérieur. Vous visiterez une ancienne salle d’armes au plafond voûté et la remarquable charpente qui soutient la toiture en forme de cône. L’épaisseur des murs reste impressionnante, notamment à la base du donjon où elle mesure 1,30 mètre. Et votre guide vous montrera peut-être la tour des prisons dont le sous-sol a restitué un jour le squelette d’un prisonnier qui fut muré à vie ...

Le couvent du Boiron

le couvent du Boiron

Poursuivons notre petit tour autour de Sainte-Croix et, à partir du Montellier, suivons la route de Cordieux qui passe à proximité du bel étang de Romagne. Arrêtons-nous devant une demeure bourgeoise, elle aussi construite en carrons. Ici, un certain Jean-François Berliet fonda en 1652 le couvent du Boiron pour l’ordre des Augustins Déchaussés. Ces moines, qui marchaient pieds nus, servaient souvent de suppléants aux curés malades ou décédés des paroisses voisines. C’est ainsi que le « petit père » Alipe desservit Sainte-Croix en 1704 après la mort de son prêtre Jean-François Maréchal. Un ancien de Sainte-Croix nous disait que les enfants de notre village allaient au catéchisme six fois par semaine au couvent du Boiron. Un peu « mauvaise langue » mais en connaissance de cause puisque l’un des ses ancêtres le lui avait raconté, il ajoutait qu’on ne les y instruisait pas beaucoup et qu’on les envoyait plutôt faire des corvées de bois … C’était bien avant les lois de Jules Ferry ! Le couvent fut vendu après la Révolution comme bien national. De nombreux corps furent exhumés du sous-sol d’une ancienne chapelle : il s’agissait sans doute du cimetière des « Petits Pères » (c’était le nom que l’on donnait aux Augustins Déchaussés). Par ventes ou héritages successifs, le couvent devenu résidence est arrivé à la famille Mérieux.

La maison de la Saulsaie

la maison de la Saulsaie

Dépassons Cordieux et la Sereine par le joli mais chaotique « chemin de Ronde », et retrouvons-nous à la maison de la Saulsaie. Ce vaste domaine est connu d’un grand nombre d’entre nous, car il abrite deux M.F.R. (maisons familiales rurales), celle de la Dombes qui dispense des formations d’aide à la personne, et celle de La Saulsaie, spécialisée dans les secteurs de la production végétale et des services.

Depuis le 14e siècle, cette terre noble était possédée par des gentilhommes qui résidaient au château de Montribloud (près de Saint-André-de-Corcy) et bâtirent ici un logis, une résidence secondaire en quelque sorte … Le dernier de la famille, Jean de la Saulsaie, vendit son fief vers 1650 à Camille de Neuville de Villeroy, archevêque de Lyon, qui y fit édifier un château. C’est ce dernier qui fit graver au-dessus de la porte d’entrée principale cette inscription peu accueillante et à peine déchiffrable aujourd’hui : « Nul n’est bien venu céans qu’il n’y soit appelé ».
Au début du 19e siècle, un banquier lyonnais, féru d’agronomie, Alexandre Bodin, acquit le domaine. C’est sans doute de lui que naquit la vocation du site pour l’expérimentation et l’enseignement agricole. Le domaine de la Saulsaie devient un haut lieu dombiste du mouvement de la bonification agraire, d’où émergea la révolution agricole de ce siècle. La ferme construite à côté du château fut un lieu d’expérimentation des amendements par la chaux, le fumier et le compost. On s’y essaya également à la fabrication du sucre de betterave, à l’introduction de machines à battre à vapeur et même à l’engraissage rapide des bovins (embouche) … Tout ceci était futuriste mais bien coûteux et le propriétaire, ruiné, dut vendre.
En 1840, un autre agronome novateur, Césaire Nivière, racheta le château et la ferme pour y installer une école d’agriculture qui devint régionale en 1848 puis impériale en 1852. Les élèves de l’école venaient de toute la France. Fils de paysans « méritants », boursiers, ils devaient vivre à l’internat, porter l’uniforme et assister à la messe. Cette vie quasi-monacale leur pesait souvent, à tel point qu’en 1867 eut lieu une « insurrection scolaire », une sorte de blocus des temps anciens. Les élèves du lycée de la Côtière n’ont rien inventé ! Nivière entreprit des travaux d’assainissement par assèchement d’une partie des 32 étangs du domaine et des parcelles voisines. Ce fut une réussite comme en atteste … la diminution sensible des arrêts pour maladie des employés du domaine ... Mais il fallait vivre : l’agronome reprit les expérimentations de son prédécesseur en s’efforçant de les rendre rentables. Peut-être était-il trop en avance sur son temps. Il échoua et se retira à 54 ans au domaine de Romanèche. L’école fut fermée et transférée à Montpellier où elle existe toujours, sous la forme d’une école nationale supérieure d’agronomie.
Le « château aux cent fenêtres », comme le désignaient autrefois les habitants de la Dombes, fut vendu vers 1853 à la communauté des Frères des écoles chrétiennes (ou Lassaliens), qui y résida longtemps. Certains habitants des communes alentours se souviennent encore de ces religieux aux soutanes noires, familièrement surnommés les « Frères quatre bras » à cause de leur grand manteau à manches flottantes. Ce sont eux qui firent construire la fameuse chapelle au plafond peint.
C’est en 1981 que la Saulsaie a été achetée par les Maisons familiales rurales, avec le devenir que l’on connaît.

L’hôpital de Cossieux

l’hôpital de Cossieux

Terminons notre court périple en faisant un petit détour par le moins connu des sites historiques de sa couronne : l’hôpital de Cossieux, proche de Romanèche. Situé au sommet d’une butte, cet imposant bâtiment de forme carrée impressionne le regard. Contrairement à ce que son nom suggère, il n’est pas question de s’y faire opérer des amygdales ! Cet « hôpital » était celui des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, membres d’un ordre fondé au 12e siècle, à ne pas confondre avec celui des Templiers. Ces Hospitaliers, qui prêtaient serment de pauvreté, d’obéissance et de chasteté, vivaient probablement en cercle fermé, en dépit de leur nom … Vers le début du 13e siècle, six frères et sœurs, vêtus d’une cape noire ornée d’une croix blanche, s’installèrent à Cossieux. On imagine avec frémissement leur vie de prière et de travail dans ce lieu splendide. Autour de la cour centrale s’alignaient sur les quatre côtés, le logement du Commandeur, la chapelle, les granges, les étables et écuries dont il ne reste plus guère de trace. Les possessions des Hospitaliers s’étendaient jusqu’à la grange des Chanaux. De 1336 à 1350, ils construisirent eux-mêmes l’étang de Cocieu, peut-être devenu celui des Echaneaux. Au 17e siècle, le service religieux était encore célébré deux fois par an, le jour de la fête de saint Jean-Baptiste et le dimanche de Quasimodo (premier dimanche après Pâques) où les peuples voisins amenaient leurs enfants malades dans l’espoir qu’ils soient guéris par Saint-Fortunat dont la statue se trouvait dans la chapelle. Comme le couvent du Boiron, la ferme de Cossieux a été vendue en tant que bien national après la Révolution. Ses propriétaires successifs ont souvent exploité la plupart des champs alentour.

Après ce petit tour dans le passé, vous allez maintenant pouvoir, si le cœur vous en dit, prendre vos chaussures ou votre vélo et aller respirer pendant quelques heures l’atmosphère de ces lieux chargés d’histoire. Attention toutefois, ces domaines sont aujourd’hui privés donc non visitables sauf certains, en de très rares moments (Journées du Patrimoine ou journées portes ouvertes).

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Ces banlieues méconnues de Sainte-Croix avril 2013 PDF - 1.6 Mo
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